• D'où vient la violence ?

    Selon Michela Marzano, philosophe, chercheuse au CNRS :

    « À la base de la violence il y a une crise existentielle profonde

    qui pousse l’auteur à considérer la femme comme rien »


    Extrais :


    Quel est le profil de l’homme violent ?

    Il s’agit souvent d’individus qui n’acceptent pas la « résistance » du réel,

    c’est-à-dire le fait que parfois la réalité s’oppose à leur désir, que parfois

    les autres ne répondent pas exactement à leurs demandes. Ce qui les amène

    à vouloir forcer ce qui résiste, à vouloir plier ceux ou celles qui leur opposent

    un refus. Les hommes violents sont souvent des individus qui n’arrivent pas

    à s’inscrire dans le monde et dans la société de façon satisfaisante :

    à la base de leur violence il y a une crise existentielle profonde qui les pousse

    à considérer les autres, et notamment les femmes, comme « rien », peut-être

    aussi parce qu’eux-mêmes n’arrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie,

    et n’arrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres

    (et notamment des femmes). La violence, de ce point de vue, apparaît comme le seul

    recours possible, comme le seul moyen pour s’imposer, en montrant ainsi à la société

    qu’il y a au moins les victimes de leur violence qui ont dû se plier à leur volonté

    et leur puissance.


    Pourtant certaines politiques publiques, mises en place récemment,

    tentent justement de répondre à cette problématique ?

    Je crois que la tentative de résoudre le problème de la violence par une pénalisation

    toujours plus dure et plus violente des auteurs d’actes de violence n’est pas une réponse

    adéquate. Ce que l’on fait, en effet, c’est répondre à la violence par la violence,

    sans considération aucune du fait que les hommes violents sont des individus qui n’ont

    probablement pas pu développer chez eux ce que Freud appelle la « compassion ».

    Pour Freud, la compassion est l’une des « digues psychiques »

    qui structurent la subjectivitédes individus, une « digue »

    qui s’oppose à la « cruauté ».Or, les hommes violents

    sont des individus qui, en général, n’ont pas de compassion vis-à-vis des autres,

    et notamment des femmes. Car les femmes, à leurs yeux, sont souvent des « choses »,

    des « objets » dont on peut disposer complètement. Non seulement la femme n’est

    pas reconnue comme une semblable, comme une présence qui demande d’être respectée

    en tant que sujet, mais elle n’est pas non plus reconnue comme un être sensible :

    elle n’est plus un « autrui » qui peut contester le pouvoir et la violence des hommes.

    Chercher à opposer à cette violence une autre forme de violence qui réduit les coupables

    en « objets » contre lesquels exercer une forme de vengeance ne peut contribuer qu’à

    l’affirmation du principe selon lequel il y a des individus qui n’ont pas droit au respect

    que tout être humain mérite en tant qu’être humain.

     

    http://www.lien-social.com/spip.php?article212&id_groupe=5


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